Dans un contexte de réduction budgétaire, il a été question, mardi 25 septembre 2018 en marge de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, de revoir les mandats des opérations de maintien de la paix autour d’objectifs plus réalistes. Revoir aussi le rôle que pourraient jouer les opérations africaines pour venir en soutien ou remplacer les missions onusiennes sur le continent africain. Mais le problème reste le financement.
Les missions onusiennes sont souvent critiquées pour leur manque d’efficacité, et ont été, ces dernières années, la cible d’attaques meurtrières, au grand dam des pays contributeurs de troupes.
Leurs moyens sont limités. À l’heure actuelle, l’Union africaine parvient difficilement à financer, comme elle se l’était pourtant promis, depuis 2015, 25 % du budget de ses propres opérations. Des efforts en ce sens ont été faits, cela a été salué mardi lors de la réunion dédiée à ces opérations.
La force du G5 Sahel, créée en 2014 par cinq pays de la région – la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad-, connait elle aussi des problèmes de trésorerie. Elle n’a toujours pas reçu les dons promis lors de la conférence organisée à Bruxelles en février dernier.
António Guterres, secrétaire général des Nations unies, lance un appel : « Les opérations africaines, notamment celles mandatées par l’Union africaine, ont un rôle crucial et j’en appelle à vous pour soutenir ces opérations, notamment à travers un financement planifié, adéquate et viable ».
Signe de l’importance accordée à l’idée d’un partage de responsabilité, le Rwandais Paul Kagame, président en exercice de l’UA, a été le deuxième officiel à s’exprimer. Même appel pressant : « Les Nations unies et l’Union africaine devraient collaborer étroitement, notamment en s’assurant un financement stable aux opérations de maintien de la paix mandatée par l’Union africaine. »
Mais les États-Unis, qui veulent réduire leur contribution, s’opposent à ce financement. En décembre prochain, à l’occasion de la présidence ivoirienne du Conseil de sécurité, les États africains membres non permanents devraient introduire un projet de résolution visant à faire cofinancer ces missions par l’ONU.
Emmanuel Macron, de son côté, a plaidé pour un soutien aux solutions régionales africaines – G5 Sahel, force multinationale mixte des pays du bassin du lac Tchad… « Nous devons soutenir cette initiative de l’Union africaine pour une meilleure coopération » avec l’ONU, insiste-t-il. Éducation, climat, migrations, inégalités, le président français dit vouloir être à la pointe de tous les combats.
Et pour ce faire, il faut revoir selon M. Macron le « modèle historique » des opérations de maintien de la paix. Son constat : « Nous assistons aujourd’hui à des théâtres où nous avons des opérations des Nations unies qui n’ont ni le mandat ni les capacités d’imposer la paix, mais qui bénéficient du plein soutien international, et de l’autre côté, des opérations africaines aux mandats robustes, mais qui ont toutes les peines du monde à mobiliser quelque soutien. »
Sa suggestion : « Il est de notre intérêt d’accompagner les réformes engagées par l’Union africaine pour progresser vers une prise en charge par les Africains de leur sécurité collective. Cela implique d’avancer ensemble vers un financement prévisible des opérations africaines. » Car aux yeux de numéro un français, la « dichotomie » actuelle crée « une concurrence inutile et inefficace ».
Les grands dossiers africains
Pour son deuxième passage en tant que président français à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, Emmanuel Macron s’est lancé dans un discours-fleuve, mardi 25 septembre 2018, pour se poser en défenseur du multilatéralisme et en champion de l’alliance avec l’Afrique. Il avait promis à Ouagadougou ne pas se poser en donneur de leçons avec le continent, mais il l’a fait avec le reste du monde.
« Face à certaines crises, nous devons repenser notre organisation avec les organisations régionales et tout particulièrement avec l’Union africaine. Face à ces crises, ce sont les troupes africaines qui sont les plus à même d’intervenir rapidement et avec efficacité. Ce sont aussi celles qui sont le plus directement concernées par un rétablissement de la stabilité. » Propos signés Emmanuel Macron à l’ONU.
« Nous devons faire toute sa place à l’Afrique, estime le président français, pour que son rôle soit moteur et central dans la recomposition du système international. » L’une des raisons invoquées par le chef de l’Etat ? Ce serait sur le continent africain que l’on retrouve « les plus grands défenseurs du multilatéralisme », assure-t-il, en référence à la vision des relations internationales qu’il défend.
« Parce que n’oubliez jamais que les génocides qui ont fait que vous êtes là aujourd’hui », a hurlé Emmanuel Macron à la tribune de l’Assemblée générale ce mardi, sont notamment dus au délitement du droit international. Et de citer le droit des peuples à choisir leurs propres dirigeants, ou la défense des droits de l’homme contenue dans la Déclaration universelle de 1948.
Par Sidi DAO
Info-matin